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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/120

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la princesse flora


V
Le capitaine-lieutenant Pravdine au lieutenant Nil-Paulovitch, à Cronstadt


Je pars, je pars demain, je pars pour rejoindre, mon cher Nil. Qu’ai-je, en vérité, à faire à Saint-Pétersbourg, dans cette ville « de neige peinte, » comme dit Byron[1] ?

Quel est le fou qui a inventé l’amour, et quel est le démon qui m’a entraîné à aimer une femme du monde ? Aimer ! aimer ! quel singulier son a ce mot dans la société ! Semblable à l’écho des cavernes, on répète bien des fois après vous : « Aimer ! » Mais qui vous répond ? Les pierres… pas même les pierres… le désert ! Je tremble d’indignation !… Comment ai-je pu penser, ai-je pu croire que l’amour pouvait se loger dans un cœur pétri par les mains du monde ? Fou ! fou que j’étais ! On trouverait plus facilement du sentiment au fond de la boîte dorée d’un enfant, sur le couvercle de laquelle est écrit :

  1. « This famed capital of painted swon, » Childe Harolds, pilgrinage.