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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/126

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la princesse flora

d’entendre leur conversation !… Oh ! que le ciel préserve mon rival des tourments de la jalousie ! Et quelle jalousie ! une jalousie que je n’avais point le droit de ressentir, et encore moins celui de montrer ; mais pouvais-je être maître de moi en un pareil moment ? Je crois que mon visage devait être effrayant, car une scène effrayante se passait dans mon âme. Ils se levèrent : c’était leur tour de valser. Lorsque je la vis lui donner la main, je m’élançai comme un tigre sur sa proie, et me plaçai devant elle comme un fantôme accusateur ; et c’est avec jouissance que je vis son trouble ; je souris en contemplant son regard à présent éteint, et qui, il y a une minute, avait plus de feu que ses diamants ; je la vis pâlir, et la voix s’éteignit sur ses lèvres ! Oh ! c’est une douce, une bien douce chose, que la vengeance !… Ce n’est pas à tort qu’Homère l’a appelée le plaisir des dieux… Que n’en peut-on dire autant de la jalousie ? Pourquoi cette passion de l’enfer ne contient-elle pas une seule goutte consolante qui rappelle les cieux ?

Je détournai ma tête de Méduse du couple effrayé,