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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/137

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la princesse flora

ché, Pravdine s’abîma insensiblement en de profondes et douloureuses pensées, l’œil arrêté sur cette admirable figure.

— Lorsque je te vis pour la première fois, se disait-il, il me sembla qu’un ange venait d’appeler mon âme par son nom, et que, depuis l’enfance, tu étais fiancée à mon cœur. Insensé !… Je me riais de cette singulière idée ; mais, en l’aimant, je la crus et je m’y abandonnai… À qui ajouter foi désormais, s’il faut se défier d’une pareille créature, si belle et si fausse, si sensée et si légère ? Pourquoi l’ai-je rencontrée ? pourquoi m’a-t-elle amené à l’aimer ? Inspirer une si ardente passion, alimenter l’incendie, puis disperser au vent les cendres du cœur, sans laisser tomber une larme, pas même de sympathie, mais de pitié ; vous faire voir l’espérance, et donner le bonheur à un autre !

Pravdine était complètement seul ; sa tête se pencha et des larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues.

— Vous pleurez ? dit quelqu’un près de lui.

Cette voix fit tressaillir tout son être ; elle était