Aller au contenu

Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
la princesse flora

vous êtes apparu, sans y être invité, au bal du comte T… Malheureux bal ! malheureuse Flora ! Inspirer tant de passion, et si peu de confiance… Non, capitaine, celui qui aime a confiance ; il a confiance jusqu’à la crédulité ; je le sais moi-même ; non, monsieur, vous ne méritez pas que je me justifie. Mon Dieu, mon Dieu ! aurais-je jamais pensé que, sur un simple soupçon, une apparence dénuée de tout fondement, je perdrais l’estime de l’homme que j’ai toujours distingué entre tous, que je respecte à un si haut degré, que j’aime si ardemment !…

Flora était entraînée par le dépit : le dépit est le meilleur moyen pour forcer une femme à ouvrir son cœur. Mais ce qui, avec un amant expérimenté, eût été l’œuvre du calcul, ne fut ici que l’œuvre des circonstances.

Le dernier mot de la princesse s’était échappé de son cœur, non comme un aveu, mais comme une exclamation. Elle s’était oubliée, mais celui qu’un pareil oubli rend heureux peut-il perdre la mémoire de ce qui a été dit ? Peut-il ne point croire à la réalité du sentiment qui a dicté l’aveu ? Non, ja-