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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/144

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la princesse flora

ment envié l’homme qui a votre main ; mais, à son tour, il m’eût envié si vous m’eussiez donné votre âme. Il fut un temps où je croyais à cette union, à ce mariage de l’âme… Mais, hélas ! après m’avoir attiré, vous vous êtes, en riant, détournée de moi ; vous avez rejeté mon amour infini, vous avez brisé mon cœur ; et ce ne sont point les devoirs de l’épouse qui en furent cause, non : ce fut un autre sentiment, un autre amour. Oui, princesse, en contemplant cette Psyché, je me disais qu’elle était à l’image de la princesse Flora, mais qu’il était regrettable que l’amour ne ressemblât point à Lénovitch ; sans quoi, l’on eût pu croire que Canova vous avait choisis pour modèles au moment où vous vous disposiez à valser.

— Contenez-vous, Pravdine, interrompit avec feu la princesse ; une vaine jalousie vous aveugle ; Lénovitch est un proche parent de mon mari, fiancé depuis longtemps à ma cousine Sophie ***, unique amie de mon enfance ; au moment où je vous parle, il est à Moscou, aux pieds de Sophie. C’est d’elle, de son avenir que nous causions ensemble lorsque