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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/157

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aimé ; mais lui-même aimait sans raison et sans frein. Pravdine était un animal sauvage que le lien féminin ne savait pas toujours dompter.

Dans un même moment, il se plaignait de la froideur et du trop de vivacité de Flora. En brisant un bracelet, il jurait de ne point envier le paradis, et, une heure après, il affirmait qu’il n’y avait pas un mortel plus infortuné que lui ; pourquoi ? Parce que, après le bracelet, ses lèvres avaient envie de la ceinture ; après la ceinture, du collier ; après le collier, ce qui était dessous. La séparation prochaine était une excuse à ses violences, ses extases, ses colères et ses oublis.

Il était flatteur, mais effrayant d’être ainsi aimée. Flora avait de rudes combats à soutenir contre son propre cœur et contre la fougueuse nature de Pravdine. Elle résistait comme la poudre qui, mouillée par la rosée du ciel, résiste au fusil ; cent coups sont tirés en vain, mais chacun d’eux sèche un des grains de la poudre, et le moment est proche où elle s’enflammera.

Flora avait passé une moitié de sa jeunesse au