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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/187

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— La barre à tribord, et filez le cordage du grand foc !

Avec quelle gravité je regardais la banderole, afin de crier à temps :

— Lâchez la grande hune de bouline !

À ces paroles magiques, toutes les vergues, au bruit des poulies, changèrent de côté, et le vaisseau, comme un coursier bouillant d’ardeur, mais soumis au frein de son cavalier, changea de direction à la voix d’un enfant de treize ans.

Ô mer, mer ! j’aurais voulu te confier ma vie, te dévouer mes aptitudes ! Peut-être ma jeunesse aurait-elle sommeillé comme la mouette sur tes brisants ; anachorète dans ma cellule mouvante, les tempêtes de l’Océan eussent peut-être préservé mon âme des tempêtes du monde… Mais le sort en a décidé autrement.

Tu n’as point été à moi, admirable élément, mais je t’aime encore comme un frère absent, comme une amante perdue ; et je ne puis contempler avec indifférence ton steppe mourant ; je ne puis entendre sans tressaillir ta voix aimée, pleine de souvenirs