Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/193

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d’esprit que cause la fièvre d’amour, oubli animé de jouissances et de visions de feu. Il faut dire que des éclairs de jalousie venaient méchamment déchirer le cœur de Pravdine, lorsque le prince Pierre s’approchait de Flora avec ses caresses quotidiennes ; mais alors le regard suppliant de la jeune femme, et, plus tard, son abandon sans limite, récompensaient la patience de l’amant et le tranquillisaient. La pureté du cœur est semblable à la quenouille magique qui file l’or de la poésie avec le plus grossier chanvre de la matière. L’amour de Pravdine et de Flora était réel ; c’était une de ces passions que le monde ne voit plus et auxquelles il ne croit plus depuis longtemps. Ils jouissaient tous deux d’un bonheur idéal.

J’ai dit que la frégate l’Espérance avait été retardée par les vents contraires. Sans aucun doute, l’amour y gagnait, mais le service aurait pu y perdre, et beaucoup. Pravdine avait renoncé à toute idée qui ne concernait point son amour. Admirer Flora lorsqu’ils étaient ensemble ; penser à elle lorsqu’elle n’était point à ses côtés ; hors