Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/195

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peut-être la vie, et, de plus, de perdre avec toi la princesse, cette admirable créature qui mérite un meilleur monde et une plus pure destinée. C’est honteux à un homme de cœur de l’enrôler au nombre des anges déchus !

Pravdine, d’abord, se justifia, s’excusa sur l’exemple d’autrui, sur la force de sa passion ; puis il se rejeta sur la plaisanterie ; enfin, il devint silencieux et boudeur. Les conseils de son ami l’ennuyèrent et le blessèrent. Il considérait les remontrances de Paulovitch non comme dites dans son intérêt, mais simplement comme tendant à faire ressortir la supériorité qui les dictait. Il taxait leur sévérité d’insensibilité, et leur inflexibilité d’orgueil. Tous ceux qui ne flattent point nos passions, qui, en nous administrant la médecine, n’enduisent pas de miel les bords du verre, sont ainsi jugés par nous. Nous détestons les gens qui lisent dans notre pensée, et nous sommes humiliés lorsque notre conscience parle par la bouche d’autrui. « Pourquoi obéirai-je à qui que ce soit ? suis-je donc un enfant ? ne sais-je point ce que je fais ? Chacun a sa manière de voir ! »