Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/228

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vagues. Enfin, après un dernier et vigoureux effort, ils se trouvèrent en mer. La chaloupe était violemment ballottée par les flots déchaînés ; le vent soufflait vers la rive de façon qu’on ne pût se servir de la voile et que les rames durent agir seules. Deux hommes étaient occupés sans interruption à vider l’eau qui, de tous côtés, envahissait la barque.

Le gouvernail était aux mains d’un pilote émérite, habitué depuis longtemps aux bourrasques et aux dangers, pour lequel, d’après son expression, la mer était un carnaval dont les vagues étaient les crêpes. Il s’occupait de sa manœuvre avec autant de sang-froid que si tout eût marché d’après les lois ordinaires de la nature.

Ayant accompagné le capitaine dans ses plus lointaines expéditions, il connaissait à fond le caractère de son maître, et savait lire sur sa physionomie l’instant où ses discours étaient bien accueillis.

— Oserai-je vous demander, Élie-Petrovitch, dit-il à demi-voix, si les songes que nous avons parfois nous sont envoyés de Dieu ?