Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/237

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les gens ont été lancés au loin. Mais ce malheur aurait aussi bien pu arriver en ta présence.

— Je suis convaincu qu’en ma présence ou en la tienne jamais on ne se serait livré à une semblable confusion… Et mes rameurs, hein ?

Pravdine remonta sa couverture sur son visage et demeura silencieux durant quelques minutes. Le frissonnement de la couverture prouvait qu’il était en proie à une violente émotion.

— Nil, dit enfin le malade en se découvrant, tu sais qu’il y a eu plus d’une erreur dans ma vie ; mais j’aurais volontiers donné à la mort la moitié des jours qui me restent à vivre et consacré l’autre à Dieu, si j’avais pu rayer du passé ces dernières vingt-quatre heures. Oui, je suis criminel, continua-t-il après quelques instants de silence. Je suis un criminel, moi qui ai abusé de la confiance impériale, qui ai séduit et perdu une femme aimée, qui ai offensé un ami, fait une tache à la marine russe, causé la mort de seize hommes pour satisfaire une fantaisie… Et je songerais encore à la vie ! Oh ! non, je ne veux pas, je ne dois pas survivre à mon honneur. La mer