Aller au contenu

Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
la princesse flora

les hommes ? Le visage du ciel lui était dévoilé par sa plus légère rougeur, par son plus imperceptible nuage ; il devinait et prédisait tous les caprices du temps ; mais le visage d’une femme, il n’avait point appris à y lire, et, rougeur ou nuage le troublant au point de le rendre fou, un sombre mais sûr pressentiment lui disait : « Ne crois pas à la moitié de ce que disent les femmes, ni de ce que montrent les hommes. »

Mais là était la question difficile : à quelle moitié fallait-il croire ? Entrant dans le monde avec une ferme volonté, avec un ferme désir d’être en garde contre tous, ce désir et cette volonté fondaient sous le premier regard ; il était prêt à donner son dernier kopek, à vendre son dernier bouton pour une poignée de main qui lui paraissait bien serrée et bien franche. Connaissant les passions pour les avoir étudiées seulement dans les livres, il fut frappé d’amour comme on est frappé de la foudre. L’Océan avait poli, caressé, conservé son cœur virginal comme une perle précieuse. Depuis que sa boussole avait changé de direction, et que son étoile s’était