Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/214

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— Oh ! soyez tranquille, sire.

Et, trop heureux d’en être quitte à si bon marché, le Florentin s’inclina et sortit.

Derrière lui, la nourrice apparut à la porte de sa chambre.

— Qu’y a-t-il donc, mon Charlot ? dit-elle.

— Nourrice, il y a que j’ai marché dans la rosée, et que cela m’a fait mal.

— En effet, tu es bien pâle, mon Charlot.

— C’est que je suis bien faible. Donne-moi le bras, nourrice, pour aller jusqu’à mon lit.

La nourrice s’avança vivement. Charles s’appuya sur elle et gagna sa chambre.

— Maintenant, dit Charles, je me mettrai au lit tout seul.

— Et si maître Ambroise Paré vient ?

— Tu lui diras que je vais mieux et que je n’ai plus besoin de lui.

— Mais, en attendant, que prendras-tu ?

— Oh ! une médecine bien simple, dit Charles, des blancs d’œufs battus dans du lait. À propos, nourrice, continua-t-il, ce pauvre Actéon est mort. Il faudra, demain matin, le faire enterrer dans un coin du jardin du Louvre. C’était un de mes meilleurs amis… Je lui ferai faire un tombeau… si j’en ai le temps.




XXIII

le bois de vincennes.


Ainsi que l’ordre en avait été donné par Charles IX, Henri fut conduit le même soir au bois de Vincennes. C’est ainsi qu’on appelait à cette époque le fameux château dont il ne reste plus, aujourd’hui qu’un débris, fragment colossal qui suffit à donner une idée de sa grandeur passée.

Le voyage se fit en litière. Quatre gardes marchaient de chaque côté. M. de Nancey, porteur de l’ordre qui devait