Avouons, à l’honneur de la moralité des deux jeunes gens, que ni l’un ni l’autre n’eut l’idée de faire à son compagnon ce soir-là pareille proposition.
XIX
le logis de maître rené le parfumeur de la reine mère.
À l’époque où se passe l’histoire que nous racontons à nos lecteurs, il n’existait, pour passer d’une partie de la ville à l’autre, que cinq ponts, les uns de pierre, les autres de bois ; encore ces cinq ponts aboutissaient-ils à la Cité. C’étaient le pont des Meuniers, le Pont-au-Change, le pont Notre-Dame, le Petit-Pont et le pont Saint-Michel.
Aux autres endroits où la circulation était nécessaire, des bacs étaient établis, et tant bien que mal remplaçaient les ponts.
Ces cinq ponts étaient garnis de maisons, comme l’est encore aujourd’hui le Ponte-Vecchio à Florence.
Parmi ces cinq ponts, qui chacun ont leur histoire, nous nous occuperons particulièrement, pour le moment, du pont Saint-Michel.
Le pont Saint-Michel avait été bâti en pierres en 1373 : malgré son apparente solidité, un débordement de la Seine le renversa en partie le 31 janvier 1408 ; en 1416, il avait été reconstruit en bois ; mais pendant la nuit du 16 décembre 1547 il avait été emporté de nouveau ; vers 1550, c’est-à-dire vingt-deux ans avant l’époque où nous sommes arrivés, on le reconstruisit en bois, et, quoiqu’on eût déjà eu besoin de le réparer, il passait pour assez solide.
Au milieu des maisons qui bordaient la ligne du pont, faisant face au petit îlot sur lequel avaient été brûlés les Templiers, et où pose aujourd’hui le terre-plein du Pont-Neuf, on remarquait une maison à panneaux de bois sur laquelle un large toit s’abaissait comme la paupière d’un œil immense.