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LA REINE MARGOT.

— En ce cas, continua-t-il, il est inutile que je me risque plus longtemps sur ce verglas. Au revoir, mon frère !

Puis arrêtant le cheval en face de de Mouy :

— Mon ami, dit-il, appelle un de tes camarades pour finir ta faction. Aide le palefrenier à dessangler ce cheval, mets la selle sur ta tête et porte-la chez l’orfèvre de la sellerie ; il y a une broderie à y faire qu’il n’avait pas eu le temps d’achever pour aujourd’hui. Tu reviendras me rendre réponse chez moi.

De Mouy se hâta d’obéir, car le duc d’Alençon avait disparu de sa fenêtre, et il était évident qu’il avait conçu quelque soupçon.

En effet, à peine avait-il tourné le guichet que le duc d’Alençon parut. Un véritable Suisse était à la place de de Mouy.

D’Alençon regarda avec grande attention le nouveau factionnaire ; puis se retournant du côté de Henri :

— Ce n’est point avec cet homme que vous causiez tout à l’heure, n’est-ce pas, mon frère ?

— L’autre est un garçon qui est de ma maison et que j’ai fait entrer dans les Suisses : je lui ai donné une commission et il est allé l’exécuter.

— Ah ! fit le duc, comme si cette réponse lui suffisait. Et Marguerite, comment va-t-elle ?

— Je vais le lui demander, mon frère.

— Ne l’avez-vous donc point vue depuis hier ?

— Non, je me suis présenté chez elle cette nuit, vers onze heures, mais Gillonne m’a dit qu’elle était fatiguée et qu’elle dormait.

— Vous ne la trouverez point dans son appartement, elle est sortie.

— Oui, dit Henri, c’est possible ; elle devait aller au couvent de l’Annonciade.

Il n’y avait pas moyen de pousser la conversation plus loin, Henri paraissant décidé seulement à répondre.

Les deux beaux-frères se quittèrent donc, le duc d’Alençon pour aller aux nouvelles, disait-il, le roi de Navarre pour rentrer chez lui.

Henri y était à peine depuis cinq minutes lorsqu’il entendit frapper.

— Qui est là ? demanda-t-il.