Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
LA REINE MARGOT.

— Son Altesse.

— Chut ! interrompit Marguerite.

Le jeune homme obéit.

Qui ad lecticam meam stant ? demanda-t-elle à La Mole.

Duo pueri et unus eques.

Optime, barbari ! dit-elle. Die, Moles, quem inveneris in cubiculo tuo ?

Franciscum ducem.

Agentem ?

Nescio quid.

Quocum ?

Cum ignoto[1].

— C’est bizarre, dit Marguerite. Ainsi vous n’avez pu retrouver Coconnas ? continua-t-elle sans songer évidemment à ce qu’elle disait.

— Aussi, Madame, comme j’avais l’honneur de le dire à Votre Majesté, j’en meurs véritablement d’inquiétude.

— Eh bien ! dit Marguerite en soupirant, je ne veux pas vous distraire plus longtemps de sa recherche, mais je ne sais pourquoi j’ai l’idée qu’il se retrouvera tout seul ! N’importe, allez toujours.

Et la reine appuya un doigt sur sa bouche. Or, comme la belle Marguerite n’avait confié aucun secret, n’avait fait aucun aveu à La Mole, le jeune homme comprit que ce geste charmant, ne pouvant avoir pour but de lui recommander le silence, devait avoir une autre signification.

Le cortége se remit en marche ; et La Mole, dans le but de poursuivre son investigation, continua de remonter le quai jusqu’à la rue du Long-Pont, qui le conduisit dans la rue Saint-Antoine.

En face de la rue de Jouy, il s’arrêta.

C’était là que, la veille, les deux duègnes leur avaient

  1. — Qui est ma portière ?
    — Deux pages et un écuyer.
    — Bon ! ce sont des barbares ! Dites-moi, La Mole, qui avez-vous trouvé dans votre chambre ?
    — Le duc François.
    — Faisant ?
    — Je ne sais quoi.
    — Avec ?
    — Avec un inconnu.