chain, c’est-à-dire dans sept mois, et quand vous verrez la fleur sur sa tige, passez les nuits à la garantir du vent, les jours à la sauver du soleil. Elle fleurira noir, j’en suis sûr. Alors vous ferez prévenir le président de la société de Harlem. Il fera constater par le congrès la couleur de la fleur, et l’on vous comptera les cent mille florins.
Rosa poussa un grand soupir.
— Maintenant, continua Cornélius en essuyant une larme tremblante au bord de sa paupière et qui était donnée bien plus à cette merveilleuse tulipe noire qu’il ne devait pas voir qu’à cette vie qu’il allait quitter, je ne désire plus rien, sinon que la tulipe s’appelle Rosa Barlænsis, c’est-à-dire qu’elle rappelle en même temps votre nom et le mien, et comme ne sachant pas le latin, bien certainement, vous pourriez oublier ce mot, tâchez de m’avoir un crayon et du papier, que je vous l’écrive.
Rosa éclata en sanglots et tendit un livre relié en chagrin, qui portait les initiales de C. W.
— Qu’est-ce que cela ? demanda le prisonnier.
— Hélas ! répondit Rosa, c’est la Bible de votre pauvre parrain, Corneille de Witt. Il y a puisé la force de subir la torture et d’entendre sans pâlir son jugement. Je l’ai trouvée dans cette chambre après la mort du martyr, je l’ai gardée comme une relique ; aujourd’hui je vous l’apportais, car il me semblait que ce livre avait en lui une force toute divine. Vous n’avez pas eu besoin de cette force que Dieu avait mise en vous. Dieu soit loué ! Écrivez dessus ce que vous avez à écrire, monsieur Cornélius, et quoique j’aie le malheur de ne pas savoir lire, ce que vous écrirez sera accompli.
Cornélius prit la Bible et la baisa respectueusement.