Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/147

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comment, à pénétrer dans la prison ; Rosa parviendrait-elle aussi heureusement à pénétrer jusqu’au prisonnier.

Tandis que Cornélius, à ce propos, échafaudait pensée sur pensée, désirs sur inquiétudes, le guichet placé à la porte de sa cellule s’ouvrit, et Rosa brillante de joie, de parure, belle surtout du chagrin qui avait pâli ses joues depuis cinq mois, Rosa colla sa figure au grillage de Cornélius en lui disant :

— Oh ! monsieur ! monsieur, me voici.

Cornélius étendit les bras, regarda le ciel et poussa un cri de joie.

— Oh ! Rosa, Rosa ! cria-t-il.

— Silence ! parlons bas, mon père me suit, dit la jeune fille.

— Votre père ?

— Oui, il est là dans la cour au bas de l’escalier, il reçoit les instructions du gouverneur, il va monter.

— Les instructions du gouverneur ?…

— Écoutez, je vais tâcher de tout vous dire en deux mots : Le stathouder a une maison de campagne à une lieue de Leyde, une grande laiterie pas autre chose : c’est ma tante, sa nourrice, qui a la direction de tous les animaux qui sont renfermés dans cette métairie. Dès que j’ai reçu votre lettre, votre lettre que je n’ai pas pu lire, hélas ! mais que votre nourrice m’a lue, j’ai couru chez ma tante, là je suis restée jusqu’à ce que le prince vînt à la laiterie, et quand il y vint, je lui demandai que mon père troquât ses fonctions de premier porte-clefs de la prison de la Haye contre les fonctions de geôlier à la forteresse de Loewestein. Il ne se doutait pas de mon but ; s’il l’eût connu, peut-être eût-il refusé ; au contraire, il accorda.

— De sorte que vous voilà.