Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/167

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sang descendait, prenaient ce ton pâle et rose qui resplendit aux lumières et qui indique la vie mystérieuse que l’on voit circuler sous la chair.

L’intelligence de Rosa se développait rapidement sous le contact vivifiant de l’esprit de Cornélius, et quand la difficulté paraissait trop ardue, ces yeux qui plongeaient l’un dans l’autre, ces cils qui s’effleuraient, ces cheveux qui se mariaient, détachaient des étincelles électriques capables d’éclairer les ténèbres mêmes de l’idiotisme.

Et Rosa, descendue chez elle, repassait seule dans son esprit les leçons de lecture, et en même temps dans son âme les leçons non avouées de l’amour.

Un soir elle arriva une demi-heure plus tard que de coutume.

C’était un trop grave événement qu’une demi-heure de retard pour que Cornélius ne s’informât pas avant toute chose de ce qui l’avait causé.

— Oh ! ne me grondez pas, dit la jeune fille, ce n’est point ma faute. Mon père a renoué connaissance à Loewestein avec un bonhomme qui était venu fréquemment le solliciter à la Haye pour voir la prison. C’était un bon diable, ami de la bouteille, et qui racontait de joyeuses histoires, en outre un large payeur qui ne reculait pas devant un écot.

— Vous ne le connaissez pas autrement ? demanda Cornélius étonné.

— Non, répondit la jeune fille, c’est depuis quinze jours environ que mon père s’est affolé de ce nouveau venu si assidu à le visiter.

— Oh ! fit Cornélius en secouant la tête avec inquiétude, car tout nouvel événement présageait pour lui une catastrophe, quelque espion du genre de ceux que l’on envoie