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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/168

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dans les forteresses pour surveiller ensemble prisonniers et gardiens.

— Je ne crois pas, dit Rosa en souriant, si ce brave homme épie quelqu’un, ce n’est pas mon père.

— Qui est-ce alors ?

— Moi, par exemple.

— Vous ?

— Pourquoi pas ? dit en riant Rosa.

— Ah ! c’est vrai, fit Cornélius en soupirant, vous n’aurez pas toujours en vain des prétendants, Rosa, cet homme peut devenir votre mari.

— Je ne dis pas non.

— Et sur quoi fondez-vous cette joie ?

— Dites cette crainte, monsieur Cornélius.

— Merci, Rosa, car vous avez raison ; cette crainte…

— Je la fonde sur ceci :

— J’écoute, dites.

— Cet homme était déjà venu plusieurs fois au Buytenhof, à la Haye ; tenez, juste au moment où vous y fûtes enfermé. Moi sortie, il en sortit à son tour ; moi venue ici, il y vint. À la Haye il prenait pour prétexte qu’il voulait vous voir.

— Me voir, moi ?

— Oh ! prétexte, assurément, car aujourd’hui qu’il pourrait encore faire valoir la même raison puisque vous êtes redevenu le prisonnier de mon père, ou plutôt que mon père est redevenu votre geôlier, il ne se recommande plus de vous, bien au contraire. Je l’entendais hier dire à mon père qu’il ne vous connaissait pas.

— Continuez, Rosa, je vous prie, que je tâche de deviner quel est cet homme et ce qu’il veut.