Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/172

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Cornélius demeura fort inquiet, mais ce n’était pour lui qu’un prélude.

Quand la fatalité commence d’accomplir une œuvre mauvaise, il est rare qu’elle ne prévienne pas charitablement sa victime, comme un spadassin fait à son adversaire pour lui donner le loisir de se mettre en garde.

Presque toujours, ces avis émanent de l’instinct de l’homme ou de la complicité des objets inanimés, souvent moins inanimés qu’on ne le croit généralement ; presque toujours, disons-nous, ces avis sont négligés. Le coup a sifflé en l’air, et il retombe sur une tête que ce sifflement eût dû avertir, et qui, avertie, a dû se prémunir.

Le lendemain se passa sans que rien de marquant eût lieu. Gryphus fit ses trois visites. Il ne découvrit rien. Quand il entendait venir son geôlier, — et dans l’espérance de surprendre les secrets de son prisonnier, Gryphus ne venait jamais aux mêmes heures, — quand il entendait venir son geôlier, van Baerle, à l’aide d’une mécanique qu’il avait inventée, et qui ressemblait à celles à l’aide desquelles on monte et descend les sacs de blé dans les fermes, van Baerle avait imaginé de descendre sa cruche au-dessous de l’entablement de tuiles d’abord, et ensuite de pierres qui régnait au-dessous de sa fenêtre. Quant aux ficelles à l’aide desquelles le mouvement s’opérait, notre mécanicien avait trouvé un moyen de les cacher avec les mousses qui végètent sur les tuiles et dans le creux des pierres.

Gryphus n’y devinait rien.

Ce manège réussit durant huit jours.

Mais un matin que Cornélius, absorbé dans la contemplation de son caïeu, d’où s’élançait déjà un point de végétation, n’avait pas entendu monter le vieux Gryphus, —