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XXII

ÉPANOUISSEMENT.


La nuit s’écoula bien douce mais en même temps bien agitée pour Cornélius. À chaque instant il lui semblait que la douce voix de Rosa l’appelait ; il s’éveillait en sursaut, il allait à la porte, il approchait son visage du guichet : le guichet était solitaire, le corridor était vide.

Sans doute Rosa veillait de son côté ; mais plus heureuse que lui, elle veillait sur la tulipe, elle avait là sous ses yeux la noble fleur, cette merveille des merveilles, non seulement inconnue encore, mais crue impossible.

Que dirait le monde lorsqu’il apprendrait que la tulipe noire était trouvée, qu’elle existait, et que c’était van Baerle le prisonnier qui l’avait trouvée ?

Comme Cornélius eût envoyé loin de lui un homme qui fût venu lui proposer la liberté en échange de sa tulipe.

Le jour vint sans nouvelles. La tulipe n’était pas fleurie encore.

La journée passa comme la nuit.

La nuit vint et avec la nuit Rosa joyeuse, Rosa légère comme un oiseau.

— Eh bien ? demanda Cornélius.

— Eh bien ! tout va à merveille. Cette nuit sans faute votre tulipe fleurira ?

— Et fleurira noire ?

— Noire comme du jais.

— Sans une seule tache d’une autre couleur ?

— Sans une seule tache.