Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/217

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— Bonté du Ciel ! Rosa, j’ai passé la nuit à rêver, à vous d’abord…

Rosa fit un petit signe d’incrédulité.

— Puis à ce que nous devions faire.

— Eh bien ?

— Eh bien ! voilà ce que j’ai décidé. La tulipe fleurie, quand il sera constaté qu’elle est noire et parfaitement noire, il vous faut trouver un messager.

— Si ce n’est que cela, j’ai un messager tout trouvé.

— Un messager sûr ?

— Un messager dont je réponds, un de mes amoureux.

— Ce n’est pas Jacob, j’espère ?

— Non, soyez tranquille. C’est le batelier de Lœvestein, un garçon alerte, de vingt-cinq à vingt-six ans.

— Diable !

— Soyez tranquille, dit Rosa en riant, il n’a pas encore l’âge, puisque vous-même vous avez fixé l’âge de vingt-six à vingt-huit ans.

— Enfin, vous croyez pouvoir compter sur ce jeune homme ?

— Comme sur moi, il se jetterait de son bateau dans le Vahal ou dans la Meuse, à mon choix, si je le lui ordonnais.

— Eh bien, Rosa, en dix heures ce garçon peut être à Harlem ; vous me donnerez un crayon et du papier, mieux encore serait une plume et de l’encre, et j’écrirai, ou plutôt vous écrirez, vous ; moi, pauvre prisonnier, peut-être verrait-on, comme voit votre père, une conspiration là-dessous. Vous écrirez au président de la société d’horticulture, et, j’en suis certain, le président viendra.

— Mais s’il tarde ?