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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/229

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Boxtel eut l’idée de voler la clef de Rosa, mais outre que ce n’était pas chose facile que de fouiller dans la poche de la jeune fille, Rosa s’apercevant qu’elle avait perdu sa clef faisait changer la serrure, ne sortait pas de sa chambre que la serrure ne fût changée, et Boxtel avait commis un crime inutile.

Mieux valait donc employer un autre moyen.

Boxtel réunit toutes les clefs qu’il put trouver, et pendant que Rosa et Cornélius passaient au guichet une de leurs heures fortunées, il les essaya toutes.

Deux entrèrent dans la serrure, une des deux fit le premier tour et ne s’arrêta qu’au second.

Il n’y avait donc que peu de chose à faire à cette clef.

Boxtel l’enduisit d’une légère couche de cire et renouvela l’expérience.

L’obstacle que la clef avait rencontré au second tour avait laissé son empreinte sur la cire.

Boxtel n’eut qu’à suivre cette empreinte avec le mordant d’une lime à la lame étroite comme celle d’un couteau.

Avec deux autres jours de travail, Boxtel mena sa clef à la perfection.

La porte de Rosa s’ouvrit sans bruit, sans efforts, et Boxtel se trouva dans la chambre de la jeune fille, seul à seul avec la tulipe.

La première action condamnable de Boxtel avait été de passer par-dessus un mur pour déterrer la tulipe ; la seconde avait été de pénétrer dans le séchoir de Cornélius, par une fenêtre ouverte ; la troisième de s’introduire dans la chambre de Rosa avec une fausse clef.

On le voit, l’envie faisait faire à Boxtel des pas rapides dans la carrière du crime.