pondirent tous deux en même temps par un mouvement de tête affirmatif.
— Eh bien, non ! ce n’est pas moi qui suis une savante fleuriste, non ! moi je ne suis qu’une pauvre fille du peuple, une pauvre paysanne de la Frise, qui, il y a trois mois encore, ne savait ni lire ni écrire. Non ! la tulipe n’a pas été trouvée par moi-même.
— Et par qui a-t-elle été trouvée ?
— Par un pauvre prisonnier de Lœvestein.
— Par un prisonnier de Lœvestein ? dit le prince.
Au son de cette voix, ce fut Rosa qui tressaillit à son tour.
— Par un prisonnier d’État alors, continua le prince, car à Lœvestein, il n’y a que des prisonniers d’État ?
Et il se remit à lire, ou du moins fit semblant de se remettre à lire.
— Oui, murmura Rosa tremblante, oui par un prisonnier d’État.
Van Systens pâlit en entendant prononcer un pareil aveu devant un pareil témoin.
— Continuez, dit froidement Guillaume au président de la Société horticole.
— Oh ! monsieur, dit Rosa en s’adressant à celui qu’elle croyait son véritable juge, c’est que je vais m’accuser bien gravement.
— En effet, dit van Systens, les prisonniers d’État doivent être au secret à Lœvestein.
— Hélas ! monsieur.
— Et, d’après ce que vous dites, il semblerait que vous auriez profité de votre position comme fille du geôlier et que vous auriez communiqué avec lui pour cultiver des fleurs ?