Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/313

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Puis, poussant un soupir :

— Hélas ! dit-il, vous êtes bien heureux vous, qui peut-être rêvant la vraie gloire de la Hollande et surtout son vrai bonheur, ne cherchez à lui conquérir que de nouvelles couleurs de tulipes.

Et jetant un regard du côté de la France, comme s’il eût vu de nouveaux nuages s’amonceler de ce côté-là, il remonta dans son carrosse et partit.

*

De son côté, Cornélius, le même jour, partit pour Dordrecht avec Rosa, qui, par la vieille Zug, qu’on lui expédia en qualité d’ambassadeur, fit prévenir son père de tout ce qui s’était passé.

Ceux qui, grâce à l’exposé que nous avons fait, connaissent le caractère du vieux Gryphus, comprendront qu’il se réconcilia difficilement avec son gendre. Il avait sur le cœur les coups de bâton reçus, il les avait comptés par les meurtrissures ; ils montaient, disait-il, à quarante-un ; mais il finit par se rendre, pour n’être pas moins généreux, disait-il, que Son Altesse le stathouder.

Devenu gardien de tulipes, après avoir été geôlier d’hommes, il fut le plus rude geôlier de fleurs qu’on eût encore rencontré dans les Flandres. Aussi fallait-il le voir, surveillant les papillons dangereux, tuant les mulots et chassant les abeilles trop affamées.

Comme il avait appris l’histoire de Boxtel et qu’il était