Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/312

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si c’est par vous ou si c’est par Rosa ; car si vous avez trouvé la tulipe noire, elle l’a élevée et fait fleurir ; aussi ne l’offrira-t-elle pas comme dot, ce serait injuste.

D’ailleurs, c’est le don de la ville de Harlem à la tulipe.

Cornélius attendait pour savoir où voulait en venir le prince. Celui-ci continua :

— Je donne à Rosa cent mille florins, qu’elle aura bien gagnés et qu’elle pourra vous offrir ; ils sont le prix de son amour, de son courage et de son honnêteté.

Quant à vous, monsieur, grâce à Rosa encore, qui a apporté la preuve de votre innocence, et en disant ces mots, le prince tendit à Cornélius le fameux feuillet de la Bible sur lequel était écrite la lettre de Corneille de Witt, et qui avait servi à envelopper le troisième caïeu ; quant à vous, l’on s’est aperçu que vous aviez été emprisonné pour un crime que vous n’aviez pas commis.

C’est vous dire, non seulement que vous êtes libre, mais encore que les biens d’un homme innocent ne peuvent être confisqués.

Vos biens vous sont donc rendus.

M. van Baerle, vous êtes le filleul de M. Corneille de Witt et l’ami de M. Jean. Restez digne du nom que vous a confié l’un sur les fonts de baptême, et de l’amitié que l’autre vous avait vouée. Conservez la tradition de leurs mérites à tous deux, car ces MM. de Witt, mal jugés, mal punis, dans un moment d’erreur populaire, étaient deux grands citoyens dont la Hollande est fière aujourd’hui.

Le prince, après ces deux mots qu’il prononça d’une voix émue, contre son habitude, donna ses deux mains à baiser aux deux époux, qui s’agenouillèrent à ses côtés.