ver. Elles ont besoin de l’intérieur de la maison, du lit douillet des tiroirs et des douces caresses du poêle. Aussi, tout l’hiver, Cornélius le passait-il dans son laboratoire, au milieu de ses livres et de ses tableaux. Rarement allait-il dans la chambre aux oignons, si ce n’était pour y faire entrer quelques rayons de soleil, qu’il surprenait au ciel, et qu’il forçait, en ouvrant une trappe vitrée, de tomber bon gré, mal gré chez lui.
Le soir dont nous parlons, après que Corneille et Cornélius eurent visité ensemble les appartements, suivis de quelques domestiques :
— Mon fils, dit Corneille bas à van Baerle, éloignez vos gens et tâchez que nous demeurions quelques moments seuls.
Cornélius s’inclina en signe d’obéissance.
Puis tout haut,
— Monsieur, dit Cornélius, vous plaît-il de visiter maintenant mon séchoir de tulipes ?
Le séchoir ! Ce pandæmonium de la tuliperie, ce tabernacle, ce sanctum sanctorum était, comme Delphes jadis, interdit aux profanes.
Jamais valet n’y avait mis un pied audacieux, comme eût dit le grand Racine, qui florissait à cette époque. Cornélius n’y laissait pénétrer que le balai inoffensif d’une vieille servante frisonne, sa nourrice, laquelle, depuis que Cornélius s’était voué au culte des tulipes, n’osait plus mettre d’oignons dans les ragoûts, de peur d’éplucher et d’assaisonner le cœur de son nourrisson.
Aussi, à ce seul mot séchoir, les valets qui portaient les flambeaux s’écartèrent-ils respectueusement. Cornélius