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VIII

UNE INVASION.


Ce qui venait d’arriver était, comme on le devine, l’œuvre diabolique de mynheer Isaac Boxtel.

On se rappelle qu’à l’aide de son télescope, il n’avait pas perdu un seul détail de cette entrevue de Corneille de Witt avec son filleul.

On se rappelle qu’il n’avait rien entendu, mais qu’il avait tout vu.

On se rappelle qu’il avait deviné l’importance des papiers confiés par le Ruart de Pulten à son filleul, en voyant celui-ci serrer soigneusement le paquet à lui remis dans le tiroir où il serrait les oignons les plus précieux.

Il en résulte que lorsque Boxtel, qui suivait la politique avec beaucoup plus d’attention que son voisin Cornélius, sut que Corneille de Witt était arrêté comme coupable de haute trahison envers les états, il songea à part lui qu’il n’aurait sans doute qu’un mot à dire pour faire arrêter le filleul en même temps que le parrain.

Cependant, si heureux que fût le cœur de Boxtel, il frissonna d’abord à cette idée de dénoncer un homme que cette dénonciation pouvait conduire à l’échafaud.

Mais le terrible des mauvaises idées, c’est que peu à peu les mauvais esprits se familiarisent avec elles.