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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/128

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Beato Angelico a couvertes de chefs-d’œuvre, on a oublié quelle était la sienne ?

Puis vient Savonarole : après l’art, la liberté ; après le salut, le martyr.

Nous rencontrâmes dans le cloître un beau moine qui s’en allait rêvant, et à qui sa longue robe blanche donnait l’air d’un fantôme. Mon cicérone, sans même se donner la peine d’aller à lui, lui fit un signe de familiarité qui me blessa. Le moine, sans faire attention à cette inconvenance, vint aussitôt.

Ce moine était peintre comme Beato Angelico ; mais malheureusement, comme on a oublié ce qu’est devenue sa cellule, il n’a retrouvé ni sa palette ni ses pinceaux.

Le cicérone l’appelait pour qu’il nous montrât la cellule de Savonarole.

Cette cellule est située en retour d’un grand corridor ; on y arrive par l’atelier du moine peintre : cet atelier était autrefois une chapelle.

La cellule de Savonarole donne bien l’idée du caractère du réformateur qui l’a habitée : c’est une petite chambre de douze pieds carrés à peine, dans laquelle il ne reste aucun meuble, aucune peinture ; rien que les quatre murailles blanches, éclairées par une étroite et basse fenêtre à petits carreaux garnis de plomb.

C’est là que le républicain se réfugiait chaque fois que Laurent de Médicis mettait le pied dans le couvent ; c’est là que le poursuivirent les excommunications d’Alexandre VI ; c’est là qu’il était en prière quand la foule vint le chercher pour le conduire à l’échafaud.

Depuis Savonarole, personne ne s’est jugé digne de demeurer dans la même chambre que lui. Sa cellule est restée vide.

Nous descendîmes de la cellule de Savonarole dans la sacristie. C’est là que l’on conserve comme des reliques quelques objets sanctifiés par son supplice.

Ces objets, à chacun desquels pend un sceau qui atteste son identité, sont :

Le pallium ou la cape du révérend père Jérôme[1];

  1. Ces différens objets sont désignés par des étiquettes pendant au sceau et écrites en langue latine. Les voici dans le même ordre que je les ai reproduites en français :
    Pallium sive cappa reverendissimi P. li. Hieronymi ;
    Lucinella ejusdem qua uiebatur priusquam ad palibulum caperetur ;
    Cilicium ejusdem venerandi patris Hieronymi ;
    Aliud cilicium ejusdem ;
    Lignum pulibuli ejusdem.