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qu’il est, il a pris pour lui et pour sa famille un petit caveau de la nouvelle sacristie.

En sortant de la chapelle des Médicis, on monte à la bibliothèque Laurentienne : là sont neuf manuscrits recueillis pour la plupart par les soins de Cosme, le Père de la patrie ; de Pierre le Goutteux, et de Laurent le Magnifique. Les plus précieux de ces manuscrits sont : les Pandectes de Justinien, enlevées aux Amalfitains par les Pisans en 1135, et qui, du temps de la république, n’étaient montrées aux curieux qu’avec une permission de la seigneurie et à la lueur de quatre flambeaux ; sous les grands-duc, le trésorier de la couronne en avait seul la clef, et ne leur faisait voir le jour que sous sa propre responsabilité ; aujourd’hui elles sont tout bonnement dans une case de pupitre, assurées par une seule chaîne et protégées par un simple cristal, à travers lequel on peut lire cette belle écriture qui, selon toute probabilité, remonte au quatrième siècle ;

Un Virgile du quatrième au cinquième siècle, dont il manquait les premières pages, — premières pages qui, par une espèce de miracle, sans qu’on sût comment elles se trouvaient là et comment elles avaient été détachées du corps de l’ouvrage, furent retrouvées un beau jour à la Bibliothèque du Vatican :

Le fameux manuscrit de Longus, devenu européen par la tache d’encre qui couvre le passage dont Paul-Louis Courier a donné le premier la véritable et par conséquent l’unique version : une lettre du savant pamphlétaire y est jointe, déclarant que cette tache d’encre est faite par étourderie ;

Le manuscrit des tragédies d’Alfieri, tout biffé, tout raturé, tout surchargé : preuve vivante que la pensée ne se coule pas du premier jet en bronze, et que cette fermeté de style, qui semble le fruit de l’inspiration, n’est que le résultat du travail ;

Une copie du Decameron de Boccace, donnée par un ami de Boccace neuf ans après que l’original fut brûlé, et qui passe pour avoir été transcrite sur l’original ;

Enfin un délicieux portrait de Laure, faisant pendant à un fort maussade portrait de Pétrarque, à qui le dessinateur a eu le mauvais goût de faire tourner le dos à sa bien-aimée.