Aller au contenu

Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui étaient dus en transportant son corps de la modeste église où il avait été enterré dans la cathédrale de Saint-Sauveur. Le jour de cette translation fut fixé au 26 du mois de janvier, c’est à dire quatre ans environ après sa mort.

On se prépara à cette grande solennité par un jeûne général. Toute la nuit du 25 au 26 janvier les cloches sonnèrent sans s’arrêter un seul instant.

Enfin, vers les six heures du matin, l’évêque et tout le clergé se rendirent à l’église Saint-Laurent, où le cercueil était disposé dès la veille sur un riche catafalque tout brodé d’ornemens et tout garni de franges d’or.

Les diacres et les évêques prirent alors le catafalque sur leurs épaules ; et, précédés de l’évêque de Florence, mitre en tête, crosse en main, du clergé et des chantres qui disaient les hymnes saints, des enfans de chœur qui agitaient les encensoirs, des jeunes filles qui jetaient des fleurs, s’avancèrent processionnellement de l’église Saint-Laurent à la cathédrale de Saint-Sauveur, situé où est aujourd’hui le Dôme. Et derrière eux marchait une grande multitude de peuple, au milieu de laquelle on se montrait les aveugles auxquels le saint avait rendu la vue, les paralytiques auxquels le saint avait rendu le mouvement, les possédés auxquels le saint avait rendu la raison.

Et tous louaient le Seigneur.

Or, il advint, car une pareille solennité ne pouvait pas se passer sans miracle, qu’en arrivant sur la place il se précipita par une des rues latérales un tel flot de peuple que, obéissant malgré eux à l’impulsion donnée, les évêques et les diacres qui portaient le corps firent un mouvement de côté : de sorte que le catafalque sur lequel était couché le corps alla heurter un grand orme qui s’élevait sur la place et qui, tout dépouillé de ses feuilles, car, ainsi que nous l’avons dit, cette procession avait lieu le 26 janvier, semblait un arbre mort. Mais voilà qu’à peine le catafalque eut touché l’arbre qu’au même instant l’arbre se couvrit de bourgeons qui s’ouvrirent aussitôt, et en quelques secondes devinrent des feuilles aussi vertes, aussi fraîches, aussi touffues que celles que ce même arbre avait portées au mois de mai précèdent. Alors de grands cris retentirent, et chacun se précipita vers