Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

néraux dont la mauvaise chance était devenue proverbiale, Zaionczek ne pouvait point paraître au feu sans être blessé : il pouvait compter les batailles auxquelles il avait assisté par ses cicatrices.

Zaionczek se mit à la tête de ses cent chasseurs, et s’avança sur la route de Rhamanieh. À peine eut-il fait une lieue qu’il aperçut un gros de cinq cents mamelucks à peu près. Zaionczek les chargea, et les mamelucks se dispersèrent.

Zaionczek les poursuivit un instant, mais autant valait poursuivre un tourbillon de sable, essayer d’atteindre un nuage ; les Arabes disparurent dans le désert, leur éternel et constant allié.

Zaionczek fit encore une lieue ; mais il n’aperçut pas un seul cavalier. Il revint donc à Damanhour.

En arrivant devant la maison du cheik, où demeurait le général en chef, il voulut entrer ; mais l’aide de camp Croisier et le général Desaix l’en empêchèrent.

Bonaparte était avec le petit Homme Rouge.

Zaionczek demanda ce que c’était que le petit Homme Rouge ; mais Croisier et Desaix n’en savaient guère plus que lui là-dessus ; Bonaparte avait dit seulement :

— J’attends le petit Homme Rouge, vous le laisserez entrer.

Une demi-heure après, un Turc haut de cinq pieds à peine, ayant la barbe et les sourcils roux, et vêtu d'une robe ponceau, s’était présenté à la porte : il avait aussitôt, selon l’ordre donné, été introduit prés de Bonaparte, où il était encore en ce moment.

Plusieurs officiers-généraux se joignirent au groupe que formaient Croisier, Desaix et Zaionczek ; car l’étrange apparition de cet être inconnu et quelque peu fantastique préoccupait tous les esprits.

Dans ce moment Bourrienne sortit ; comme Bourrienne était alors le secrétaire intime de Bonaparte, on l’accabla de questions sur le petit Homme Rouge ; mais Bourrienne, qui était chargé de faire expédier un courrier à Kléber, se contenta de répondre :