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de quitter le palais et de se retirer dans le couvent delle Murale. Mais comme cette résidence lui déplaisait et qu’elle y pleurait nuit et jour, on lui donna l’option d’un autre monastère ; elle choisit alors celui de Sainte-Monique, où elle avait été élevée, et où elle mourut, après avoir payé par près de vingt ans de réclusion l’honneur d’avoir été deux ans la maîtresse et quatre ans la femme de Cosme Ier.

Les deux couvens que nous venons de nommer n’existent plus ; supprimés par un décret de 1808, ils n’ont point été rouverts depuis.

Trois ans après avoir été témoin de la mort de Cosme, le palais Pitti le fut de la naissance de son petit-fils. Le 20 mai 1577, Jeanne d’Autriche, épouse du grand-duc François, accoucha d’un jeune archiduc qui ne devait vivre que quelques années. Son arrivée au monde fut le signal d’une grande fête : on jeta des fenêtres du palais Pitti force pièces d’or au peuple ; puis, en avant de la terrasse qui y conduit, on apporta une si grande quantité de tonneaux de vin dont on ouvrit les robinets, que les flots de liqueur qui ne purent être recueillis coulèrent jusqu’au Ponte-Vecchio.

Il en résulta que le bon peuple florentin, dans son ivresse, voulut que les condamnés eux-même participassent à la joie commune. En conséquence, il courut aux prisons des Stinche, dont il enfonça les portes. Les prisonniers en profitèrent, comme on le comprend bien, non pas pour trinquer avec leurs libérateurs, mais pour gagner les frontières.

C’est encore au palais Pitti que mourut le 10 avril 1578, la pauvre duchesse Jeanne, abandonnant le trône à sa rivale, Bianca Capello, qui, un peu plus d’un an après, c’est-à-dire le 18 juin 1579, épousa le grand-duc François dans la même chapelle où Camille Martelli avait épousé Cosme.

Après les fêtes du mariage du grand duc François vinrent celles de sa fille Éléonore, qui épousa don Vicenzio Gonzaga, fils du duc de Mantoue. Cette fois, elles furent si considérables qu’elles débordèrent dans la ville. Un des épisodes de ces fêtes fut un fameux combat de pierres qui eut lieu dans la Via Larga, et pour l’exécution duquel Florence se divisa en deux camps : l’un, commandé par Averard de Médicis ; et l’autre, par Pierre Antonio dei Bardi. Chacun des