Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/4

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ne voulions perdre aucun détail de ces fêtes qu’on nous avait fort vantées d’avance à Gênes et à Livourne, et nous sortîmes aussitôt. Quoique nous fussions logés à une extrémité de la ville, nous nous trouvâmes, en mettant le pied dans la rue, au milieu d’une foule qui devenait de plus en plus compacte à mesure que nous nous approchions du cœur de la cité. Cette foule s’écoulait avec une sagesse et une convenance telles, que le silence de notre palazzino, situé, il est vrai, entre cour et jardin, n’avait pas été troublé, et si l’illumination du Dôme ne nous avait annoncé la fête, nous aurions pu passer toute notre soirée sans nous douter un instant que Florence entière était dans ses rues. C’est là un trait caractéristique des Italiens de la Toscane : les individus sont parfois bruyans, mais la foule est presque toujours silencieuse.

Florence est magnifique à voir la nuit, par un beau clair de lune ; alors ses colonnes, ses églises, ses monumens, prennent un caractère grandiose qui efface et rejette dans l’ombre tous ces pauvres édifices modernes qu’on dirait faits pour des voyageurs d’un jour. Nous suivîmes la foule, la foule nous mena place du Dôme ; il me sembla que je voyais l’église pour la première fois, tant ses proportions avaient grandi ; le Campanile surtout paraissait gigantesque, et ses illuminations semblaient mêlées aux étoiles. Le baptistère de San-Giovanni était ouvert, et la châsse du saint exposée ; l’église semblait pleine, et cependant on y entrait facilement ; car à Florence, au lieu de réagir sans cesse contre les autres, comme on fait chez nous, chacun s’aide, chacun se presse, chacun se place, et on finit par être à l’aise là où l’on aurait cru d’abord devoir être infailliblement étouffé.

La religion me parut empreinte de ce même caractère de douceur que j’avais déjà remarqué dans tous les actes extérieurs du peuple. Dieu est traité à Florence avec une certaine familiarité respectueuse qui n’est point sans charmes, à peu près comme on traite le grand-duc, c’est-à-dire qu’on lui ôte son chapeau et qu’on lui sourit. Je ne sais, au reste, si on croit le premier beaucoup plus puissant que le second ; mais, à coup sûr, on n’a pas l’air de le croire meilleur.

Le Baptistère était magnifiquement illuminé ; aussi pûmes--