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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/81

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nom reconnaissant de Benvenuto ; et celle qu’il tenait de la munificence du duc Cosme, et où eut lieu la fameuse fonte du Persée.

La première était dans la rue Chiara del Popolo di San-Lorenzo.

La seconde était dans la rue de la Pergola. Des inscriptions gravées sur une plaque de marbre les signalent toutes deux à la curiosité des voyageurs.

C’est dans la première que se passe sa jeunesse ; qu’il serre dans sa main un scorpion qui, par miracle, ne le pique point ; que son père voit dans le feu une salamandre la lui montre, et, pour qu’il se souvienne de cette merveille, lui donne un si vigoureux soufflet que l’assurance que ce soufflet est une précaution contre l’oubli ne peut le consoler, si bien que, pour étancher ses larmes, il faut que non-seulement son père lui dépose un baiser sur chaque joue, mais encore lui mette un écu sur chaque œil. C’est dans cette maison enfin qu’il passe sa jeunesse, caressé de temps en temps par le gonfalonier Soderini, que manquera d’aveugler Michel-Ange, et dont Machiavel immortalisera la stupidité dans une épitaphe : étudie l’orfèvrerie chez le père de Bandinello, et dans la boutique de Marcone, jusqu’à ce qu’un jour il se prend de querelle entre la porte al Prato et la porte Pitti, ramasse l’épée de son frère renversé d’un coup de pierre, et espadonne si joyeusement que le Conseil des huit l’invite à aller passer six mois loin de Florence. Alors commence la vie aventureuse de Cellini.

Il abandonne cette maison paternelle, qu’il ne reverra plus qu’à de longs intervalles, et où il ne fera plus que de courtes haltes ; il va à Sienne, où il travaille sous François Castera ; à Bologne, où il travaille sous maître Hercule del Giffero ; à Pise, où il travaille sous Ulvieri della Chiostra ; refuse d’aller en Angleterre avec Torregiani, parce que d’un coup de poing Torregiani a écrasé le nez de Michel-Ange ; entre chez François Salembeni, où il fait une agrafe de ceinture ; part pour Rome avec le graveur Tasso ; fait dans la boutique de Firenzola, de Lombardie, une salière magnifique ; revient à Florence, se fait condamner à l’amende pour une nouvelle rixe ; sort de Florence déguisé en moine et