Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/109

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mais certes… je l’eusse tuée… elle et l’homme qu’elle aimait… Pauline aimant un autre !… Pauline coupable !… Oh ! cette idée me rongeait le cœur… Je relevai lentement le front ; Pauline, la tête renversée en arrière, regardait le ciel, et deux larmes coulaient le long de ses joues.

— Oh ! m’écriai-je… qu’avez-vous donc, mon Dieu ?

— Croyez-vous, me dit-elle en gardant son immobilité, croyez-vous que l’on quitte pour toujours sa patrie, sa famille, sa mère, sans que le cœur se brise ? Croyez-vous qu’on passe, sinon du bonheur, mais du moins de la tranquillité au désespoir, sans que le cœur saigne ? Croyez-vous qu’on traverse l’océan à mon âge pour aller traîner le reste de sa vie sur une terre étrangère, sans mêler une larme aux flots qui vous emportent loin de tout ce qu’on a aimé ?…