Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/108

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tait tous mes rêves ; car pour cet homme qu’elle aimait elle reviendrait à la vie sans doute ; quelque part qu’elle fût, cet homme la rejoindrait. Alors, je l’aurais sauvée pour un autre ; elle me remercierait comme un frère, et tout serait dit ; cet homme me serrerait la main en me répétant qu’il me devait plus que la vie ; puis, ils seraient heureux d’un bonheur d’autant plus sûr qu’il serait ignoré !… Et moi, je reviendrais en France pour y souffrir comme j’avais déjà souffert, et mille fois davantage ; car cette félicité, que d’abord je n’avais entrevue que de loin, s’était rapprochée de moi, pour m’échapper plus cruellement encore ; et alors il viendrait un moment peut-être où je maudirais l’heure où j’avais sauvé cette femme, où je regretterais que, morte pour tout le monde, elle fût vivante pour moi, loin de moi ; et pour un autre près de lui… D’ailleurs, si elle était coupable, la vengeance du comte était juste… À sa place… je ne l’eusse pas fait mourir…