Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/127

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velles de madame Duchamge, de Labarre et de Plantade ; les morceaux les plus à la mode de Bellini, de Meyerbeer et de Rossini. Pauline ouvrit un cahier de musique et tomba dans une profonde rêverie.

— Qu’avez-vous ? lui dis-je, voyant que ses yeux restaient fixés sur la même page, et qu’elle semblait avoir oublié que j’étais là.

— Chose étrange, murmura-t-elle, répondant à la fois à sa pensée et à ma question, il y a une semaine au plus que je chantais ce même morceau chez la comtesse M. ; alors j’avais une famille, un nom, une existence. Huit jours se sont passés… et je n’ai plus rien de tout cela… Elle pâlit et tomba plutôt qu’elle ne s’assit sur un fauteuil, et l’on eût dit que véritablement elle allait mourir. Je m’approchai d’elle, elle ferma les yeux ; je compris qu’elle était tout entière à sa pensée, je m’assis près d’elle, et lui appuyant la tête sur mon épaule :