Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/175

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Je lui retrouvai la même figure impassible, le même regard fixe et profond qui m’avait tant impressionné et de plus une voix douce, que comme ses mains et ses pieds, paraissait bien plus appartenir à une femme qu’à un homme ; cependant, lorsqu’il s’animait, cette voix prenait une puissance qui semblait incompatible avec les premiers sons qu’elle avait proférés : Paul, en ami reconnaissant, avait mis la conversation sur un sujet propre à faire valoir le comte ; il parla de ses voyages. Le comte hésita un instant à se laisser entraîner à cette séduction d’amour-propre ; on eut dit qu’il craignait de s’emparer de la conversation et de substituer le moi aux généralités banales des premières entrevues ; mais bientôt le souvenir des lieux parcourus se présenta à sa mémoire, la vie pittoresque des contrées sauvages entra en lutte avec l’existence monotone des pays civilisés et déborda sur elle ; le comte se retrouva tout entier au milieu de la végétation luxuriante de l’Inde et des aspects