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PAULINE.

dont le parfum les suive et dont l’éclat soit à eux. Aussi ne résistai-je pas à la tentation ; je brisai quelques branches embaumées et j’allai m’appuyer sur la balustrade de granit rose qui domine le lac, dont elle n’est séparée que par la grande route qui va de Genève à Milan. J’y fus à peine, que la lune se leva du côté de Sesto, et que ses rayons commencèrent à glisser aux flancs des montagnes qui bornaient l’horizon et sur l’eau qui dormait à mes pieds, resplendissante et tranquille comme un immense miroir : tout était calme ; aucun bruit ne venait de la terre, du lac ni du ciel, et la nuit commençait sa course dans une majestueuse et mélancolique sérénité. Bientôt, d’un massif d’arbres qui s’élevait à ma gauche et dont les racines baignaient dans l’eau, le chant d’un rossignol s’élança harmonieux et tendre ; c’était le seul son qui veillât ; il se soutint un instant, brillant et cadencé, puis tout-à-coup il s’arrêta à la fin d’une roulade. Alors, comme si ce bruit en eut éveillé un