Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/189

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fixés de mon côté ; je baissai rapidement la tête, il était trop tard ; je cessai de voir ses yeux, mais je sentis son regard peser sur moi, le sang se porta rapidement à mon visage, et un tremblement involontaire me saisit. Bientôt, Listz se leva, j’entendis le bruit des personnes qui se pressaient autour de lui pour le féliciter ; j’espérai que dans ce mouvement le comte avait quitté sa place ; en effet, je me hasardai à relever la tête, il n’était plus contre la porte ; je respirai, mais je me gardai de pousser la recherche plus loin, je craignais de retrouver son regard, j’aimais mieux ignorer qu’il fut là.

Au bout d’un instant le silence se rétablit ; une nouvelle personne s’était mise au piano ; j’entendis aux chuts prolongés jusque dans les salles attenantes, que la curiosité était vivement excitée ; mais je n’osai lever les yeux. Une gamme mordante courut sur les touches, un prélude large et triste lui succéda ; puis une voix vibrante, sonore et profonde, fit en-