Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/188

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schütz a exhalé les soupirs dans ses mélodies. Tout ce que la musique, cette langue des anges, a d’accens, d’espoir, de tristesse et de douleur, semblait s’être réuni dans ce morceau, dont les variations, improvisées selon l’inspiration du traducteur, arrivaient à la suite du motif comme des notes explicatives. J’avais souvent moi-même exécuté cette brillante fantaisie, et je m’étonnais, aujourd’hui que je l’entendais reproduire par un autre, d’y trouver des choses que je n’avais pas soupçonnées alors ; était-ce le talent admirable de l’artiste qui les faisait ressortir ? était-ce une disposition nouvelle de mon esprit ? La main savante qui glissait sur les touches avait-elle si profondément creusé la mine qu’elle y trouvait des filons inconnus ; ou mon cœur avait-il reçu une si puissante secousse, que des fibres endormies s’y étaient réveillées ? En tout cas l’effet fut magique ; les sons flottaient dans l’air comme une vapeur, et m’inondaient de mélodie ; en ce moment je levai les yeux, ceux du comte étaient