Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

opposer une bonne raison à leurs instances ; je finis donc par céder. La comtesse M… me prit par la main et me conduisit au piano, où elle s’assit ; j’étais derrière sa chaise debout et les yeux baissés, sans oser regarder autour de moi, de peur de retrouver encore ce regard qui me suivait partout. Un jeune homme vint se placer de l’autre côté de la comtesse, je me hasardai à lever les yeux sur mon partner ; un frisson me courut par tout le corps : c’était le comte Horace qui chantait le rôle de don Juan.

Vous comprendrez quelle fut mon émotion ; cependant il était trop tard pour me retirer, tous les yeux étaient fixés sur nous ; madame M… préludait. Le comte commença ; c’était une autre voix, c’était un autre homme qui chantait, et lorsqu’il commença là ci darem la mano, je tressaillis, espérant que je m’étais trompée, et ne pouvant pas croire que la voix puissante qui venait de nous faire frémir avec