Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/194

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la mélodie de Schubert pouvait se plier à des intonations d’une gaîté si fine et si gracieuse. Aussi dès la première phrase un murmure d’applaudissement courut-il par toute la salle ; il est vrai que, lorsqu’à mon tour je dis en tremblant, vorrei e non vorrei mi trema un poco il cor, il y avait dans ma voix une telle expression de crainte que les applaudissemens contenus éclatèrent ; puis on fit tout-à-coup un silence profond pour nous écouter. Je ne puis vous dire ce qu’il y avait d’amour dans la voix du comte, lorsqu’il reprit vieni, mi bel deletto, et ce qu’il mit de séduction et de promesses dans cette phrase io cangiero tua sorte ; tout cela était si applicable à moi, ce duo semblait si bien choisi pour la situation de mon cœur, qu’effectivement je me sentis prête à m’évanouir, en disant presto non son più forte ; certes la musique avait ici changé d’expression : au lieu de la plainte coquette de Zerline, c’était le cri de la détresse la plus profonde ; en ce moment je sentis que