Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/195

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le comte s’était rapproché de mon côté, sa main toucha ma main pendante près de moi, un voile de flamme s’abaissa sur mes yeux, je saisis la chaise de la comtesse M… et je m’y cramponnai ; grâce à ce soutien je parvins à me tenir debout ; mais lorsque nous reprîmes ensemble andiamo, andiam mio bene, je sentis son haleine passer dans mes cheveux, son souffle courir sur mes épaules ; un frisson me passa par les veines, je jetai en prononçant le mot amor un cri dans lequel s’épuisèrent toutes mes forces, et je m’évanouis…

Ma mère s’élança vers moi ; mais elle serait arrivée trop tard, si la comtesse M… ne m’avait reçue dans ses bras. Mon évanouissement fut attribué à la chaleur ; on me transporta dans une chambre voisine, des sels qu’on me fit respirer, une fenêtre qu’on ouvrit, quelques gouttes d’eau qu’on me jeta au visage me rappelèrent à moi ; madame M… insista pour me faire rentrer au bal ; mais je ne voulus en-