Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

main puissante et qui m’entraînait avec elle ; et cependant qu’y avait-il de nouveau dans ma vie ? Un homme y avait passé et voilà tout. À peine si avec cet homme j’avais échangé un regard et une parole. Quel droit se croyait-il donc de garrotter comme il le faisait ma destinée à la sienne, et de me parler presque en maître lorsque je ne lui avais pas même accordé les droits d’un ami ? Cet homme, je pouvais demain ne plus le regarder, ne plus lui parler, ne plus le connaître. Mais non, je ne pouvais rien… j’étais faible… j’étais femme… je l’aimais…

En savais-je quelque chose, au reste ? ce sentiment que j’éprouvais était-ce de l’amour ? l’amour entre-t-il dans le cœur précédé d’une terreur aussi profonde ? Jeune et ignorante comme je l’étais, savais-je moi-même ce que c’était que l’amour ? Cette lettre fatale, pourquoi ne l’avais-je pas brûlée avant de la lire ? n’avais-je pas donné au comte le droit de croire