Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur mon front, et comme, malgré ce double voile, je revis tout. Cette lettre fatale était écrite sur les murs de la chambre. Je ne l’avais lue qu’une fois ; et cependant elle s’était si profondément gravée dans ma mémoire, que chaque ligne, tracée par une main invisible, semblait paraître à mesure que la ligne précédente s’effaçait ; et je lus et relus ainsi cette lettre dix fois, vingt fois, toute la nuit. Oh ! je vous assure qu’entre cet état et la folie il y avait une barrière bien étroite à franchir, un voile bien faible à déchirer.

Enfin au jour je m’endormis, écrasée de fatigue. Lorsque je me réveillai il était déjà tard ; ma femme de chambre m’annonça que madame de Lucienne et sa fille étaient au château. Alors une idée subite m’illumina ; je devais tout dire à madame de Lucienne, elle avait toujours été parfaite pour moi ; c’était chez elle que j’avais vu le comte Horace, le comte Horace était l’ami de son fils ; c’était la