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PAULINE.

la pierre commençait à blanchir aux rayons de la lune : je m’assis près d’elle, forçant ma pensée à ressaisir tout ce qu’elle avait de souvenirs épais et flottans de cette jeune femme ; mais cette fois encore ma mémoire fut rebelle ; je ne pus réunir que des vapeurs sans forme, et non une statue aux contours arrêtés, et je renonçai à pénétrer ce mystère jusqu’au jour où je retrouverais Alfred de Nerval.

On comprendra facilement maintenant combien son apparition inattendue, au moment où je songeais le moins à lui, vint frapper tout à la fois mon esprit, mon cœur et mon imagination d’idées nouvelles ; en un instant je revis tout : cette barque qui m’échappait sur le lac ; ce pont souterrain, pareil à un vestibule de l’enfer, où les voyageurs semblent des ombres ; cette petite auberge de Baveno, au pied de laquelle était passée la voiture mortuaire ; puis enfin cette pierre blanchissante où, aux rayons de la lune glissant entre