Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/253

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et les abbés dont j’avais foulé en passant les tombes dormaient de leur sommeil béni, les uns dans leur cloître, les autres dans leurs caveaux ; mais tout ce que j’avais lu à la campagne, tout ce qu’on m’avait raconté à Caen me revenait à la mémoire, et je tressaillais au moindre bruit. Le seul qu’on entendit cependant était le frémissement des feuilles, le murmure lointain de la mer, et ce bruit monotone et mélancolique du vent qui se brise aux angles des grands édifices et s’abat dans les cheminées, comme une volée d’oiseaux de nuit. Je restai ainsi immobile pendant dix minutes à peu près, n’osant regarder ni à droite ni à gauche, lorsque j’entendis un léger bruit derrière moi ; je me retournai : c’était le Malais. Il croisa les mains sur sa poitrine et s’inclina ; c’était sa manière d’annoncer que les ordres qu’il avait reçus étaient accomplis. Je me levai ; il prit les bougies et marcha devant moi ; mon appartement, du reste, avait été parfaitement préparé pour la nuit par ma singulière femme de chambre, qui posa les lumières sur une table et me laissa seule.